Alors que l’Internet des objets transforme l’ensemble de l’industrie en profondeur, lui ouvrant en grand les portes du XXIe siècle, une large majorité des entreprises intéressées sont actuellement confrontées au manque de talents formés.
Il n’y aura pas de retour en arrière. Annoncé depuis quelques années, le raz-de-marée nommé IoT (pour Internet des objets, ou « Internet of Things », en VO) est en train de révolutionner l’industrie en profondeur, engloutissant à une vitesse ahurissante aussi bien l’automobile, que l’ameublement ou encore le sport. Selon les chiffres de la dernière étude de Business Insider, on devrait compter 41 milliards d’objets connectés à l’horizon 2027, quand il n’y en avait que huit en 2019. « Terminée, la phase expérimentale, lorsque l’IoT était au centre des conversations sans être appliquée, explique Steven Hegenderfer, Senior Director de l’entreprise d’IA Semtech. Nous sommes entrés dans la phase concrète, où des solutions moins chères peuvent être développées à grande échelle. »
Pénurie de talents
Bien qu’excitante, cette nouvelle phase commence pourtant sous de bien sombres auspices : la main-d’œuvre manque terriblement. Dans une étude publiée au printemps, le cabinet de conseil Forrester Research pointait que si 80 % des entreprises comptaient lancer de nouveaux produits connectés, elles faisaient face à une pénurie de talents. En tout, pas moins de trois quarts d’entre elles ont répondu avoir du mal à recruter suffisamment de développeurs pour lancer le nécessaire cycle de R&D. « Les développeurs ne sont, tout simplement, pas assez nombreux », conclut l’auteur du rapport Jeffrey Hammond.
Pour comprendre l’actuelle disette, il convient d’appréhender ce qu’est l’Internet des objets au-delà du concept marketing, du buzz word. D’autant qu’elle s’explique par deux raisons agissant l’une sur l’autre. D’un côté, si l’IoT ressemble autant à une révolution pour l’industrie, c’est qu’il propose de la transformer en prenant n’importe quel objet pour le brancher sur le cloud. Cela peut être autant le chauffage électrique d’un appartement, pour contrôler sa température à distance, une trottinette électrique en libre-service ou encore un bus autonome. Des utilisations très diverses, mais qui donnent chacune lieu à l’émission d’un grand nombre de data – et donc le besoin de les traiter grâce à des algorithmes d’intelligence artificielle.
« Un corpus de compétences très large »
Autre enjeu fondamental, et qui se vérifie aussi bien pour un véhicule autonome que pour une enceinte capable d’écouter la vie de son propriétaire, connecter des objets à un cloud signifie y collecter des données sensibles. Impossible, dès lors, de prendre la question de la sécurité à la légère. Le souci, c’est que la cybersécurité et le Big Data rencontrent déjà des problèmes de sous-effectifs hors IoT. En 2021, on estime ainsi que la seule cybersécurité manque de 3,5 millions de personnes formées et compétentes.
Des chiffres d’autant plus spectaculaires que ces deux matières ne forment qu’une partie des besoins de développeurs de l’IoT. « Développer des solutions d’IoT requiert un corpus de compétences très large qui va de la production de hardware au développement d’un réseau en passant par la création et la maintenance d’un cloud, poursuit Steven Hegenderfer. Donc si les entreprises comptent réellement développer des applications à grande échelle d’objets connectés, il va falloir garantir davantage de formations. »
Former vite et bien
De manière générale, les formations concrètes autour des nouvelles technologies, préparant efficacement les jeunes au monde de l’entreprise ne sont pas suffisantes. Le modèle universitaire est souvent critiqué par les pros pour son incapacité à doter ses étudiants, malgré un cursus long de sept années pour un PhD, de la culture ou voire des capacités techniques nécessaires afin d’être opérationnel dès le diplôme en poche. C’est ce constat qui nous a poussés, chez Human Experience, à développer des cursus clefs en main, réfléchis pour les besoins de chaque entreprise. En association avec Kantar, numéro un mondial de la Data, nous avons ainsi lancé un Master d’Architecte des Stratégies Insight & Data. Deux années d’alternance à l’issue desquelles, en plus d’un diplôme reconnu par l’Etat, plusieurs de nos talents ont été recrutés par l’entreprise qui les avait aidés à se développer.
Un gain de temps pour le groupe, qui sans passer par le cycle pénible et risqué de recrutement dispose rapidement d’une main-d’œuvre qualifiée. L’internet des objets touchant toutes les tailles d’entreprises, difficile d’imaginer que ce type de formation puisse être mis en place dans de petites structures. Mais pour toutes celles de taille moyenne et pour les grands groupes comme Kantar, prendre en main la formation peut être le meilleur moyen de s’assurer de manière pérenne le recrutement des nouveaux talents nécessaires à sa croissance. Toute révolution à ses gagnants et ses perdants, donc autant s’assurer d’une base solide.