De plus en plus de moins de 30 ans décident de changer de métier après quelques années, à peine, de vie active. En leur apportant un cadre concret et une sécurité financière, l’apprentissage se révèle la meilleure manière de sauter le pas.
La crise du « quart de vie » n’a pas attendu celle du Covid pour pousser de nombreux jeunes à s’interroger sur leur avenir professionnel. Dès 2018, un chercheur anglais expliquait qu’avant 30 ans, et le plus souvent autour de 26 ans, les adultes à peine débarqués dans la vie active remettaient en cause leur présent et se questionnaient sur leur futur. « Les jeunes adultes traversent une crise qui leur fait réfléchir sur de nombreux sujets. Ils réévaluent ce qui compte vraiment dans leur vie, et tentent de trouver comment vivre sainement dans un monde qu’ils perçoivent désormais comme insensé », explique, ainsi, le chercheur Oliver Robinson. Avec comme première conséquence, la remise en cause de son métier.
« Un poste stable et un niveau de rémunération correct »
Longtemps marginales, les reconversions professionnelles des moins de 30 ans sont en constante augmentation depuis une vingtaine d’années, selon des chiffres du Cereq. Et avec le Covid-19, dont les conséquences économiques ont touché les jeunes de plein fouet, ce phénomène explose. Selon une enquête BVA publiée en juin, pas moins de deux jeunes sur trois envisagent sérieusement une reconversion ou l’ont déjà entamée. « La transition entre études et marché du travail s’est fluidifiée pour les plus favorisés, mais elle est devenue plus floue et labyrinthique pour les autres. L’enjeu de ces reprises d’études est souvent de s’assurer un poste stable et un niveau de rémunération correct », analyse le sociologue François Sarfati, chercheur au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), dans un article du Monde.
« J’ai travaillé un an avant qu’éclate la crise sanitaire », nous raconte Pierre-Yves, qui vient d’achever à 23 ans son Bachelor de Media Content Manager, en alternance chez Reworld Media, après une première expérience dans le cinéma. « Reprendre mes études chez Human Experience, cela m’apportait une certaine sécurité. » Selon le Monde, l’apprentissage représenterait la « voie royale » pour ce retour sur les bancs du supérieur. Depuis 2019, ce type de contrat peut être signé jusqu’à 30 ans et, à partir de 26 ans, un alternant gagne au minimum le SMIC.
Car pour sauter le pas, l’aspect financier est l’un des principaux enjeux. Difficile, en effet, d’envisager une reconversion si, après plusieurs années d’indépendances financières, cela signifie privation et retour chez les parents. Il existe certains moyens de financer sa reconversion voire d’être rémunéré, notamment via le Compte Professionnel de Formation (CPF) ou par Pôle Emploi. Mais réussir à toucher ces aides s’apparente à un chemin de croix administratif. Ce défi est encore plus important pour les jeunes des classes populaires, qui hésitent davantage à se lancer dans une reconversion, note l’étude du Cereq. Ces derniers auront plutôt tendance à repousser leurs études, le temps d’économiser suffisamment pour payer des écoles qui coûtent souvent plusieurs milliers d’euros par an. Surtout qu’ils rencontrent de « plus grandes difficultés à bénéficier d’un soutien de la famille pour financer un retour aux études ‘classiques’ ». On comprend, alors, l’intérêt de se tourner vers des formations non seulement gratuites, mais, surtout, rémunérées.
La fin du parcours tout tracé
Le Cereq pointe un autre challenge quant à une meilleure diversité parmi les jeunes de retour à l’école : les moins favorisés souffrent davantage de l’autocensure. En proposant des formations concrètes, où le jeune est accompagné au sein d’une entreprise, l’alternance est un bon moyen de combattre cette peur. Chez Human Experience, nous allons encore plus loin pour lutter contre ce sentiment, avec un suivi approfondi de chaque étudiant. D’autant que les jeunes qui se lancent dans un processus de reconversion précoce doivent appréhender un tout nouvel environnement professionnel. « Alors qu’ils ont souvent été préparés par leurs études à s’acculturer à un monde du travail précis, certains opèrent des reconversions dans des domaines très différents, dans lesquels ils n’ont jamais été socialisés, ni par leur milieu d’origine ni par une formation longue », met en garde Ludivine Le Gros, doctorante au CNAM. Il devient alors primordial d’accompagner les étudiants pour ne pas qu’ils baissent les bras dans leur changement de vie, et même de les encourager à se lancer.
Car le monde de l’entreprise a bien compris qu’il fallait donner aux jeunes la possibilité de se tromper dans leur orientation. « Les pratiques de recrutement évoluent lentement, mais sûrement. Depuis plusieurs années, nous observons une ouverture des mentalités, avec notamment la valorisation croissante de profils atypiques et de parcours alternatifs », confirme Jérémy Lamri, directeur de la recherche et de l’innovation chez JobTeaser et fondateur du Lab RH. On n’est pas la même personne à 30 ans qu’à 17 ans, au moment de choisir sa voie dans le supérieur, parfois tracée par ses parents. Et il n’est jamais trop tôt pour s’en rendre compte.