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Le Blended Learning doit être une stratégie proactive, pas un énième gadget

Apparu depuis quelques années, mais réellement popularisé avec la fermeture des écoles et des universités à cause du Covid, cette hybridation entre cours en présentiel et eLearning s’impose comme la solution pour la formation du futur – si tant est que l’on s’en donne les moyens.

Un chiffre qui donne le vertige. Depuis maintenant un an, et l’explosion de la crise sanitaire, plus d’un milliard et demi d’écoliers et d’étudiants ont dû faire face à la fermeture de leurs salles de classe. Une mise en suspens des cours en présentiel et un basculement général vers l’eLearning fait dans l’urgence, sans préparation préalable, mais qui s’est normalisé au fil des douze derniers mois. Alors que certains pays commencent à rouvrir leurs établissements scolaires, une chose est désormais certaine : l’ère du tout présentiel est révolue, place au Blended Learning. « Voilà un mot bien compliqué pour définir quelque chose de très simple, résume Inès Chassagneux, directrice pédagogique chez Human Experience. Il s’agit de mélanger présentiel et eLearning, c’est-à-dire un apprentissage hybride entre des moments en ligne et d’autres en classe. »

De New York à Paris, en passant par l’Inde, le monde s’est converti

Preuve que la crise sanitaire a permis de populariser ce mode d’enseignement, le retour progressif des élèves en primaire à New-York dans les prochaines semaines est rendu possible car les pouvoirs publics ont choisi de miser sur le blended learning. « L’intérêt de ce format, c’est également qu’il permet une plus grande diffusion des enseignements, notamment en direction de certains qui n’auraient pas les moyens financiers de suivre ces cours », explique Priya Ranjan, professeur à l’université SRM, en Inde.

Mais l’avantage principal du blended learning sur la méthode conventionnelle n’est pas économique mais pédagogique. Il permet de mieux s’adapter à chaque élève tout en l’impliquant davantage dans le processus. « Ça permet de faire varier les types de pédagogie, poursuit Inès Chassagneux. Le cerveau humain s’ennuie très vite. Diversifier les exercices et les formes d’apprentissage, cela permet de maintenir l’intérêt éveillé, et de continuer d’apprendre. Typiquement, lors d’un cours théorique de trois heures, c’est difficile de garder l’attention des étudiants tout du long. » Pour autant, le blended learning n’est pas une nouvelle formule qui va, par magie, permettre à l’ensemble des élèves de réussir leur scolarité.

« Trouver le bon équilibre »

Pour fonctionner, une bonne formation misant sur le blended learning doit avoir été réfléchie en amont. Si l’on parle aujourd’hui de « blended learning » et non uniquement d’eLearning, c’est que l’on s’est rapidement rendu compte que les enseignements dispensés uniquement en ligne n’étaient que très rarement suivis jusqu’au bout. Qui se souvient de l’explosion rapide des mook, il y a une dizaine d’années, se souvient de leur déclin au moins aussi rapide. « L’approche blended learning remet un peu d’humain dans l’apprentissage en ligne et garantit une valeur ajoutée au eLearning », précise Inès Chassagneux, avant d’ajouter : « On peut vraiment avoir le meilleur des cours en ligne et de ceux en présentiel… ou le pire des deux. Il s’agit de trouver le bon équilibre. »

Car proposer un bon eLearning ne revient pas mettre en ligne des cours magistraux filmés. Il convient, au contraire, d’innover, de trouver des formats adaptés à chaque matière. Cela pourra passer par des exercices à compléter, des mises en situation, et pourquoi pas même des jeux. « Faire un bon eLearning, cela demande beaucoup de temps et de travail, complète Inès Chassagneux. On a l’impression que c’est très facile, que cela fait économiser de l’argent. Mais ce n’est pas vrai. » Pour que cela marche, il est souvent nécessaire d’accompagner les professeurs, de les former à certains outils – des outils qui peuvent d’ailleurs paraître naturels aux étudiants. « Il est malheureusement trop facile qu’un cours en ligne se transforme en un simple exposé d’un coach, plutôt qu’à un espace d’échanges, met en garde Mike Esterday, directeur de l’entreprise américaine de formation Integrity Solutions, pionnière dans le blended. C’est pour cela qu’on les guide sur les méthodes à utiliser pour y parvenir. »

« Nous avons tous les outils en main »

Car là est sans doute la clef. La création d’une interaction va pousser l’étudiant à s’engager pleinement dans sa formation. Les douze derniers mois de cours en ligne ont permis d’improviser de nombreuses manières de s’assurer que les élèves suivent. L’idée n’est pas de développer des outils qui vérifient si un tel a le regard attentif derrière sa caméra, comme mis en place par certaines entreprises pour les réunions Zoom, mais de leur donner de l’envie et de la confiance. « En même temps, que se pose le défi des classes à distance, on a l’opportunité de disrupter la pédagogie passive traditionnelleconfirme Jamshed Bharucha, vice-directeur de l’université de Chennai, en IndeLa pandémie nous a forcés à repenser nos méthodes et à les rendre plus proactives, pour conserver l’attention des élèves. Nous avons, ainsi, davantage invité les étudiants à prendre la parole, à échanger les uns avec les autres, à analyser, à résoudre des problèmes ou encore à se montrer créatifs – des méthodes qui les impliquent mieux et qui permettent, in fine, un meilleur apprentissage. » Et de conclure : « Maintenant que les classes peuvent rouvrir, à nous d’utiliser ces initiatives plus uniquement dans le monde virtuel, mais également en présentiel. Nous avons tous les outils en main pour faire évoluer l’enseignement un modèle hybride qui reprendrait le meilleur de chacun. »