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Soft-skills contre hard-skills : la crise sanitaire prouve au monde du travail qu’il doit miser sur les qualités humaines

Dans un monde en plein bouleversement numérique, on estime que la majorité des postes et de tâches du futur n’existent pas encore. Ce qui rend primordial de miser sur les soft-skills au moment de recruter.

Voila déjà une année que courent le confinement et ses immenses défis. Les douze derniers mois auront au moins permis de faire un constat pour les années à venir : en entreprise, rien ne vaut l’adaptabilité. Gérer télétravail, réunion Zoom tout en jonglant avec des enfants sans école, sans pour autant renier sur la qualité… l’équation n’aura pas toujours été la plus simple, mais ceux qui s’en sont sorti le mieux auront prouvé leur valeur, bien au-delà de leurs simples capacités techniques. En quelque sorte, la crise sanitaire et ses répercussions auront prouvé par l’exemple que le monde du travail ne peut pas être régi par les seuls virtuoses de la technologie sans prendre en compte l’humain. Une manière d’affirmer encore un peu plus une observation qui a émergé ces dernières années parmi dirigeants et RH : l’ère des soft-skills est désormais devant nous. Elle a même déjà commencé.

Vers un monde du télétravail

La notion de soft-skills est aujourd’hui bien connue. Venue de l’autre côté de l’océan Atlantique, elle décrit des qualités humaines que l’on oppose volontiers aux hard-skills, qui seraient l’ensemble des capacités techniques de chacun. « Dans les soft-skills, on va retrouver des compétences aussi larges que la débrouillardise, la prise de recul, la capacité à résoudre des problèmes nouveaux, énumère Caroline Briaucourt, coach en soft-skills au sein de l’entreprise Grandir et professeure chez Human Experience. Il y a aussi la confiance, en soi comme en l’autre, en l’entreprise ou encore le système. Bien sûr, on retrouve la communication, la gestion du stress, la créativité, le sens du collectif, l’empathie, l’ouverture à l’autre… »

Si la France est en retard dans la compréhension et l’utilisation des soft-skills, elle s’y met progressivement. De manière générale, 2020 aura contribué, à marche forcée, à son implantation dans les mentalités. Le meilleur exemple : ces douze mois de télétravail, qui vont sans doute participer à ancrer cette pratique dans nos vies. Certaines entreprises ont même utilisé la pandémie pour tester de nouveaux usages, comme le flex-office. Si cela permet d’offrir davantage de liberté aux salariés, ces dispositifs n’en sont pas moins très exigeants du point de vue de l’organisation. « L’avenir du télétravail en France concerne deux aspectsexplique Jean Pralong, professeur en RH à l’EM Normandie, auteur d’une étude sur les soft-skills et le télétravailD’abord l’aspect technologique, nous avons constaté que de nombreuses entreprises disposent d’outils nécessaires pour continuer leur activité professionnelle à distance. Cependant, l’aspect que nous n’arrivons pas encore à gérer concerne l’aspect émotionnel. De nombreux télétravailleurs sont confrontés à des menaces de dépression, de burn-out… » Gérer cet aspect ne peut passer que par certains soft-skills. Il s’agit, d’abord, de trouver le bon équilibre entre vies personnelle et professionnelle. Contre ces souffrances, certains spécialistes invitent à développer son intelligence émotionnelle. Ce concept, hérité des neurosciences et de la psychologie cognitive, découle des soft-skills. L’idée est de mieux connaître ses propres émotions et celles des autres afin de les traiter.

« Dans les décennies à venir, il sera important de savoir faire face à l’inconnu »

Dans les circonstances de la pandémie qui nous aura isolés les uns des autres, la capacité à comprendre ses collègues malgré la distance aura été primordiale. Pour les managers, la désynchronisation est aussi un enjeu. « Faire preuve d’empathie c’est se mettre à place de l’autre. Le télé-manager doit détecter les forces et faiblesses de ses collaborateurs et les rassurer surtout durant cette crise. Prendre soin de ses pairs est désormais une priorité, estime Jean Pralong. (…) Chaque membre de l’équipe doit être valorisé à la hauteur de ce qu’il fait. Certains n’ont pas la capacité à se promouvoir, à faire parler d’eux. Un bon télé-manager régule les temps de parole durant les réunions en visioconférence pour que chacun ait l’opportunité de s’exprimer. »

Au-delà de cette seule question, les derniers mois auront prouvé qu’un employé qui savait faire preuve d’adaptabilité et de résilience était parfois plus important dans une équipe qu’un autre qui serait mieux diplômé mais moins efficace face à l’adversité. D’autant que le monde qui s’ouvre devant nous offre deux défis que seuls de bons soft-skills permettront d’appréhender. D’un côté, la majorité des postes qui seront pourvus en 2030 n’existent pas, tandis que le développement de l’intelligence artificielle et sa normalisation devraient accélérer cette transition. Les humains feront alors de moins en moins de tâches techniques. De l’autre côté, de nombreux scientifiques ont alerté, depuis que l’épidémie de Covid-19 est entrée dans nos vies, sur le fait que le changement climatique risquait de provoquer de nouvelles pandémies de ce type tout en accélérant les catastrophes naturelles de grandes ampleurs. « Aujourd’hui, les entreprises cherchent, au moment du recrutement, à identifier les personnes qui ont plus de flexibilité dans leurs compétences humaines et relationnelles, confirme Caroline Briaucourt. Et dans les décennies à venir, ce qui va être important sera notre capacité à réagir et à faire face à l’inconnu. »