Le 24 mai, la Conférence des grandes écoles publiait l’édition 2022 de son baromètre de l’égalité femmes-hommes dans les grandes écoles. Et si la situation des étudiantes s’améliore dans les écoles, ces avancées restent ternies par les inégalités d’embauche entre diplômés.
Dans la lutte contre le fameux skill-gap, ce manque récurrent de talents qui menace la croissance des entreprises du numérique, l’enseignement secondaire tient un rôle prépondérant. Il s’agit de former et d’accompagner vers le premier emploi le plus de jeunes possibles, peu importe leur genre ou leur origine sociale. Problème : la machine à méritocratie est grippée. Le monde des études supérieures peine à se départir de stéréotypes de genre tenaces, avec pour conséquence d’être la chasse gardée des garçons. Pour autant, les lignes semblent enfin bouger. Bien conscientes des inégalités, les équipes en charge de l’encadrement des cursus, notamment en école d’ingé, commencent à agir en faveur d’une plus grande inclusivité – en-tout-cas si l’on en croit les conclusions du 7e baromètre annuel sur les inégalités femmes-hommes de la Conférence des grandes écoles publié le 24 mai.
Des cursus à une femme pour 19 hommes
Si cette étude ne concerne que quelques 220 établissements, ces derniers accueillent tout de même plus de 400 000 élèves. De quoi donner une photographie assez fiable de l’état du secondaire en France à la fin de la crise sanitaire. Une image aux traits encore insuffisants : moins de 40 % des grandes écoles ont des effectifs mixtes (c’est-à-dire composé d’au moins 40 % d’étudiantes selon les critères de l’étude). Un chiffre qui s’explique par l’extrême sous représentativité des jeunes femmes en école d’ingénieur – et donc parmi les étudiants qui se dirigent vers le numérique. Ainsi, ces établissements ne comptent que 11 % de formations mixtes. Les apprenantes n’y représentent en moyenne que 32 %, soit moins d’un étudiant sur trois. L’étude indique même que dans certaines écoles ce chiffre tombe à 5 %. Une femme pour 19 hommes…
Pour autant, certains signaux poussent à l’optimisme. Si l’on en croit le baromètre, les équipes pédagogiques se sont enfin saisies de l’enjeu de la diversité de genre. Ainsi, l’ensemble des établissements interrogés, ou presque, indiquent avoir nommé un référent en charge de cette question. Dans la moitié des écoles, ces référents sont même plusieurs. Une preuve de la mise en place de stratégie à moyen terme pour ouvrir le supérieur aux étudiantes. Deux écoles sur trois ont même formalisé cette démarche, tandis que le nombre d’écoles qui mesurent l’impact de ce type d’action n’a cessé de croître depuis 2018, passant en quatre ans de 23 % à 45 %. Après la prise de conscience, on peut espérer que le secondaire a ouvert une séquence d’action.
Même diplôme ≠ même salaire
Les derniers mois n’ont pas été avares en scandales sexistes dans les établissements du supérieur, entre le mouvement #sciencesporc et les dénonciations de bro-culture dans les écoles de jeu vidéo. Des campagnes qui portent leur fruit, poussant les établissements à ouvrir des structures de lutte contre les violences sexuelles et sexistes. C’est le cas dans près de 9 écoles répondantes sur 10, avec dans la quasi-totalité des cas la présence d’une personne formée à la gestion des situations de harcèlement. Sur cinq ans, cette augmentation est spectaculaire passant d’à peine 46 % en 2017 à 66 % en 2020 puis 85 % pour 2021, preuve d’une accélération de la mise en place de politiques internes. La lutte contre ce type de violence est primordiale pour ouvrir les formations les moins mixtes aux jeunes femmes.
Si la situation au sein des écoles tend donc à s’améliorer, les chiffres de l’emploi des jeunes diplômées viennent ternir ce tableau. Ainsi, alors que le taux d’ingénieurs qui trouvent un emploi est le même suivant le genre, les hommes ont plus de chance d’être recruté en CDI à la sortie de l’école (82 %, contre 70 pour les femmes) et à un poste de cadre (90 % contre 81 %). Logiquement, le salaire des diplômées est moindre par rapport à leurs anciens camarades masculins. Une différence de 3 000 euros par année après une école d’ingénieur, qui monte jusqu’à 5 000 euros en école de management, et qui se trouve aggravée par une disparité au niveau des primes négociées lors de l’embauche. Comme si les jeunes diplômées n’avaient pas acquis lors de leur cursus la confiance nécessaire pour se valoriser au moment de l’entrée dans le monde du travail. Il faut dire que si les écoles ont féminisé leurs équipes pédagogiques, les femmes y font encore face à un plafond de verre pour accéder aux instances de directions, encore largement composées d’hommes. Contre ce constat, Human Experience, une école fondée et dirigée par Corinne Pessus, entend participer à ouvrir aux étudiantes le supérieur, notamment en les accompagnants par un suivi personnalisé. En plaçant soft-skills et coaching au cœur de notre pédagogie, nous cherchons à tirer le meilleur de chacun, afin que toutes et tous prennent pleinement conscience de leur potentiel. D’autant que dès la phase de sélection des talents, nous faisons de la diversité des profils un impératif. Pour que le numérique ne soit plus qu’une affaire de garçon.