Skip to content Skip to footer

Pour assurer sa transition numérique, le monde de la finance et de la banque doit former de nouveaux profils tech

Avec l’explosion de la FinTech, le secteur bancaire se trouve sous une pression inédite. Manque de talents formés et disponibles, concurrence acharnée et explosion du coût des recrutements : en lorgnant sur le monde du numérique, la banque est à son tour frappée de plein fouet par le skills-gap.

La crise économique qui a suivi l’explosion du Covid-19 n’a pas fait que des perdants. Avec la chute radicale, dès les premiers jours du confinement du printemps 2020, de l’utilisation des billets et des pièces lors des achats pour éviter que ne se propage le virus, de nouvelles habitudes ont vu le jour pour s’inscrire durablement dans nos vies. Le paiement directement par téléphone portable s’est normalisé, notamment chez les plus jeunes, inscrivant toujours un peu plus dans notre quotidien de nouveaux acteurs comme la licorne française Lydia. Cette start-up est un bon exemple. Passée en quelques années d’un simple rôle d’intermédiaire pour des transferts d’argents entre particuliers à des services historiquement liés au secteur bancaire, elle propose aujourd’hui à ses utilisateurs de payer en ligne ou dans un magasin, de souscrire à une carte bleue, et même à leur servir de plateforme de trading. Ce symbole de réussite de la FinTech à la française montre bien que les frontières entre entreprises du numérique et monde de la banque et de la finance ne cessent de se dissiper.

2021, année record

« La technologie est en train de grignoter la finance », titrait ainsi fin 2021 un rapport du Centre for Finance, Technologie and Entrepreneurship (CFTE), organisation basée à Londres qui promeut l’enseignement des FinTech. « Nous avons choisi ce titre, car, de fait, les entreprises de la FinTech sont des sociétés du numérique, plutôt que des institutions financières », justifiaient les auteurs de l’étude. Boosté par les nouvelles technologies, le secteur bancaire est en pleine révolution, de sorte que fin 2021 les entreprises de la FinTech représentaient à elles seules 38% de la capitalisation financière globale du secteur bancaire. Un chiffre en augmentation constante depuis la crise financière de 2008 qui a frappé les banques en premier lieu, contribuant également à dégrader l’image de ces institutions auprès de leurs clients. En France, 2021 aura été l’année de tous les records. Les chiffres de l’association France Fintech font état d’une augmentation de 174% des levées de fonds pour les start-up du secteur par rapport à 2020, grimpant à près de 2,3 milliards d’euros.

Forcément, l’arrivée de ces nouveaux acteurs venus de la tech modifie le rapport de force vis-à-vis des banques traditionnelles, tout en forçant ces dernières à réagir. Une étude de Business Insider explique ainsi que 80% des décideurs des banques sont bien au fait des avantages offerts par exemple par l’intelligence artificielle. « Dans certains cas, des applications utilisant l’IA ont déjà été mises en place par les banques traditionnelles : du recours au chatbot pour aider les clients à des systèmes luttant contre les paiements frauduleux. » De fait, les profils aujourd’hui recherchés par les banques sont radicalement différents de l’habituel conseiller en agence. Ils sont plutôt à trouver parmi des ingénieurs informatiques qui maîtrisent le cloud, le machine learning ou encore la blockchain. Le rapport du CFTE chiffre à 50% voire 65% la part de postes « Tech » parmi l’ensemble des ouvertures de poste du secteur (contre moins de 30% pour des profils uniquement finance).

Le besoin de main-d’œuvre explose, les talents formés manquent

Le souci avec cette mutation, c’est qu’elle participe à aggraver la concurrence quant au recrutement des talents dans des domaines en tension : l’IA, la Data, la programmation informatique… D’autant que secteur de la FinTech embauche à tour de bras en France. En trois ans, les équipes ont plus que doublé, selon les chiffres de France Fintech, comptant aujourd’hui 30 000 professionnels, qui devraient être 40 000 fin 2022 et 50 000 fin 2023 selon les estimations les plus basses. Pour répondre à ces besoins, le secteur ne peut pas se contenter d’attendre une rénovation des études supérieures. Car un article scientifique publié au Canada en 2018 alerte précisément sur le décalage entre les besoins des entreprises et les formations proposées dans les universités. « Les enseignants n’ont qu’une idée très parcellaire des hard-skills recherchées par le monde du travail », écrit le chercheur. Et parmi ces compétences qui ne sont pas enseignées dans les cursus qui préparent aux entreprises financières et bancaires, on trouve principalement les savoirs techniques issus du numérique et de l’informatique… Contre ce manque, il est nécessaire d’organiser un nouveau type d’enseignements, par des encadrants et des coachs qui viennent de la tech mais réfléchi pour les besoins propres de la finance. Face aux enjeux de la révolution numérique, les grandes banques ne doivent plus avoir peur d’investir dans la formation de leurs talents de demain, à l’image des cursus en alternance qui se développent de plus en plus dans les entreprises du numérique.